Petit Poucet

Petits cailloux
Ce jeu m’a rappelé le Petit Poucet de C.Perrault. Etrange, je devais avoir l’âme enfantine ce matin là car le lien est fragile. Le Lien ? Déposer derrière soi de petits cailloux empilés.
Du conte, de l’âme d’enfant m’est venue alors une idée de jeu « Land-Art ».
1 – Remonter ou descendre un cours d’eau, une rivière, un ruisseau les pieds dans l’eau, écouter, observer, se laisser surprendre par la hauteur de l’eau… Prendre plaisir à sentir l’eau, les herbes ou les feuilles vous effleurer. Evidemment pour le plaisir de la sensation c’est mieux en été !
2 –  Observer ce qui est là, juste en surface :  un cailloux, une branche,… Chaque objet devient alors une invitation à créer.
3 – Prendre 3 petits cailloux au hasard dans le lit de la rivière et voilà : en prenant son temps, réaliser une sculpture de pierres levées, chercher l’équilibre précaire qui se joue à la fois entre les cailloux, le courant et le vent. Ce qui est important : prendre du plaisir, se faire plaisir et être fier de la réalisation. Elle doit vous plaire dans la manière de la réaliser comme dans son résultat.
Bien sûr, vous pouvez aussi décider de remplir vos poches avant de partir de petits cailloux glanés sur la berge. Attention à ne pas couler avec toutes ces pierres comme le loup au fond du puits dans le conte des frères Grimm.
Ce jeu est avant tout un jeu de patience et d’observation à partir du moment où l’on ne va pas à la facilité d’un bon gros rocher porteur. Les petites statues sont laissées à la merci d’une onde, d’un coup de vent ou d’une feuille… Si vous vous perdez ne compter pas trop sur vos petits cailloux.  Vous aurez plutôt plaisir à entendre derrière vous ce petit « ploc » qui signale le retour au fond de la rivière : « ploc » : « salut »  !

Jeux d’eau et d’incertitude

Il y a un jeu que j’aime lors des créations au bord de l’eau : jouer et rivaliser avec la marée montante. Je sais d’avance que le jeu tournera en faveur de la mer mais « dans combien de temps » justement !  Je pourrais calculer scientifiquement pour la mer (et encore tout dépend de ma place sur la plage) mais il reste une incertitude majeure : je ne sais jamais le temps que je vais mettre pour réaliser l’expérience ! Le résultat final n’est jamais clairement défini et il évolue au fur et à mesure de la progression. Je suis plongée dans l’instant dans une course contre le temps.
Le jeu commence : comme pour ce nid de galets. J’ai un seul avantage, une carte maitresse : je peux décider à tout moment que l’oeuvre est terminée ! La mer, elle ne peut pas décider de changer de marée !
Parfois j’attends pendant plusieurs dizaines de minutes les 1er flots : la mer a pris son temps.
Parfois je me laisse piéger par une belle vague gourmande : la mer m’a joué un tour.
Le jeu de l’incertitude qui donne toujours un résultat celui que finalement je souhaitais (et encore) ou un tout autre au hasard des circonstances.
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Lors de cette réalisation, je suis allée plus loin. J’ai voulu savoir comment la mer allait s’approprier l’oeuvre et surtout combien de vagues seraient nécessaires pour la faire disparaitre : Une dizaine de flux-reflux est la messe était dite. Le plus surprenant est que nous seulement les vagues successives éparpillaient les dragées blanches mais surtout elles apportaient d’autres grains de sable qui en se mélangeant homogénéisait l’ensemble. Finalement, voir courir et s’installer les grains de sable le long des galets était un très bon de plaisir.

Au fil de…

J’apprends et découvre en réalisant, en expérimentant. C’est en pratiquant que surgissent les problèmes, les freins auxquels je n’aurais pu penser avant.
Un bel exemple autour de ces guirlandes de feuilles et je souris en y repensant.
Feuilles d'automnes 1
J’ai pris du plaisir à être confrontée à un élément sur lequel je ne pouvais agir : le courant de la rivière ! Je me suis amusée de l’eau qui en me jouant des tours me demandait d’être patiente et de revenir avec une réalisation plus aboutie… Comme si je faisais parler la nature ou lieu de laisser mes pensées noires me prendre.
Pourrais-je prendre toutes les situations, les relations de ma vie de cette même façon ? Faudrait-il prendre l’adversité comme un courant contraires et me dire qu’il n’y a rien à faire contre mais avec ? Il y a encore du chemin mais bon ça peut vraiment valoir le coup !
Quand je sais que je ne peux rien y changer, il n’y a pas de colère mais plutôt du jeu et de l’humour. Quand je sais que je suis confrontée à « plus fort » et « plus durable », je lâche ma nervosité et lâche prise.
Voilà… il me faut trouver une manière de retenir cette guirlande de feuilles pour savourer son passage ! Sinon, je cours dans l’eau pour la suivre et cette agitation trouble la quiétude d’une guirlande qui tranquillement, au fil de l’eau, va vers son destin. Il faudra donc recommencer l’expérience, choisir et ramasser les feuilles, créer la ou les guirlandes, préparer le système de mise à l’eau et… être juste là pour savourer cet instant fugace et lumineux.
Vous pouvez me proposer des systèmes de votre cru et invention…

Une passion…

Mercredi 2 janvier 2013, l’année débute et ma passion pour le land art aussi.Manhattan square

Je pars sur la grande plage d’Erdeven avec Chouky, mon fidèle compagnon de randonnée, un labrador chocolat – une crème. Ces moments de solitude, ces promenades me ressourcent. Je vais faire le plein de cette énergie, de toute cette beauté. Le temps est radieux et la lumière est belle. Je marche perdue dans mes pensées. Mon regard scrute cette belle lumière à l’horizon. Nous ne sommes pas nombreux à nous offrir le spectacle de la grande bleue. Quelques silhouettes se détachent ça et là.

Je marche sur un tapis de coquillages, j’aime le bruit du coquillage qui cède sous mes pas. Légers crissements puis le silence de la mer revient. Tout à coup, le tapis se fait plus intense et recouvre le sable d’une belle épaisseur. Je quitte l’horizon pour regarder à mes pieds. Intriguée par leur taille, je commence à ramasser des couteaux. Je détache les valves pour mieux les porter. Ma main ne suffit plus, je n’ai pas de sac. Je m’apprête à les déposer quand me vient l’idée de les planter dans le sable. D’où vient cette idée ? Pourquoi ? Comment ? C’est la magie de cet instant, de cette fulgurante. A partir des premiers couteaux plantés, mon coeur sait qu’il approche quelque chose de beau. Je ne sens pas le froid sur mes doigts. Je pose les couteaux sans recherche, sans réelle intention de faire ou de construire. Je m’éloigne, prends de la distance ! Whaou ! C’est là, c’est beau. La simplicité mise en scène. Je m’allonge sur le lit de coquillage et prend plusieurs clichés avec la mer en ligne de fond. Je suis heureuse. Je découvre cette passion (sur laquelle je ne mettrais beaucoup plus tard un nom). Celle de révéler la nature, révéler sa beauté. Se laisser inspirer et porter par l’élan, faire sans y mettre de pensées, d’intentions, faire comme cela vient.

 

Une première façon de créer pour moi : me laisser porter par la beauté de la nature qui m’entoure. Je me demande parfois si ce n’est pas elle qui « prends le crayon » pour faire ! Je suis alors son interprète.