Jeux d’eau et d’incertitude

Il y a un jeu que j’aime lors des créations au bord de l’eau : jouer et rivaliser avec la marée montante. Je sais d’avance que le jeu tournera en faveur de la mer mais « dans combien de temps » justement !  Je pourrais calculer scientifiquement pour la mer (et encore tout dépend de ma place sur la plage) mais il reste une incertitude majeure : je ne sais jamais le temps que je vais mettre pour réaliser l’expérience ! Le résultat final n’est jamais clairement défini et il évolue au fur et à mesure de la progression. Je suis plongée dans l’instant dans une course contre le temps.
Le jeu commence : comme pour ce nid de galets. J’ai un seul avantage, une carte maitresse : je peux décider à tout moment que l’oeuvre est terminée ! La mer, elle ne peut pas décider de changer de marée !
Parfois j’attends pendant plusieurs dizaines de minutes les 1er flots : la mer a pris son temps.
Parfois je me laisse piéger par une belle vague gourmande : la mer m’a joué un tour.
Le jeu de l’incertitude qui donne toujours un résultat celui que finalement je souhaitais (et encore) ou un tout autre au hasard des circonstances.
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Lors de cette réalisation, je suis allée plus loin. J’ai voulu savoir comment la mer allait s’approprier l’oeuvre et surtout combien de vagues seraient nécessaires pour la faire disparaitre : Une dizaine de flux-reflux est la messe était dite. Le plus surprenant est que nous seulement les vagues successives éparpillaient les dragées blanches mais surtout elles apportaient d’autres grains de sable qui en se mélangeant homogénéisait l’ensemble. Finalement, voir courir et s’installer les grains de sable le long des galets était un très bon de plaisir.

Au fil de…

J’apprends et découvre en réalisant, en expérimentant. C’est en pratiquant que surgissent les problèmes, les freins auxquels je n’aurais pu penser avant.
Un bel exemple autour de ces guirlandes de feuilles et je souris en y repensant.
Feuilles d'automnes 1
J’ai pris du plaisir à être confrontée à un élément sur lequel je ne pouvais agir : le courant de la rivière ! Je me suis amusée de l’eau qui en me jouant des tours me demandait d’être patiente et de revenir avec une réalisation plus aboutie… Comme si je faisais parler la nature ou lieu de laisser mes pensées noires me prendre.
Pourrais-je prendre toutes les situations, les relations de ma vie de cette même façon ? Faudrait-il prendre l’adversité comme un courant contraires et me dire qu’il n’y a rien à faire contre mais avec ? Il y a encore du chemin mais bon ça peut vraiment valoir le coup !
Quand je sais que je ne peux rien y changer, il n’y a pas de colère mais plutôt du jeu et de l’humour. Quand je sais que je suis confrontée à « plus fort » et « plus durable », je lâche ma nervosité et lâche prise.
Voilà… il me faut trouver une manière de retenir cette guirlande de feuilles pour savourer son passage ! Sinon, je cours dans l’eau pour la suivre et cette agitation trouble la quiétude d’une guirlande qui tranquillement, au fil de l’eau, va vers son destin. Il faudra donc recommencer l’expérience, choisir et ramasser les feuilles, créer la ou les guirlandes, préparer le système de mise à l’eau et… être juste là pour savourer cet instant fugace et lumineux.
Vous pouvez me proposer des systèmes de votre cru et invention…

Twin Towers

Ai-je été à ce point affectée par le 11 septembre ? Est-ce que l’événement est d’une telle importance et d’un impact si puissant qu’il fait maintenant parti de notre imaginaire ? Est-ce là une manière de sublimer un événement dramatique ?

Je ne peux répondre clairement à cette question. Le 11 septembre 2001, j’étais rentrée en France après 3 années aux Etats Unis. Je peignais écoutant la radio lorsque j’ai entendu la nouvelle. J’ai vu en direct les tours s’effondrer et j’ai pensé aux amis et collègues américains. Avaient-ils de la famille ? Etaient-ils touchés ?… Tous étaient affectés et terrorisés. Les messages envoyés et reçus étaient touchants, émouvants. Beaucoup de compassion et de liens profonds… Le temps a passé, les émotions se sont estompées et l’événement est resté gravé dans le coin de ma tête et mon corps.

J’ai décidé inconsciemment de « jouer » avec cet événement… Et voilà…

manahatan

 

Soit pour ALERTER car j’ai l’impression que nous agissons encore comme si cet événement n’avait pas eu lieu . Au moment de la création je me laisse guider par mon émotion, mes gestes et il n’y a aucune intention précise. Soudain un élément s’ajoute comme ce petit avion trouvé sur la plage parmi les seringues éparpillées. A ce moment là, il y a fulgurance : Les tours et l’événement devient une évidence.

Twin tower

Soit pour le SUBLIMER : la nature reprend ses droits.

 

A nous de continuer à vivre en harmonie !