Le printemps des artistes – Locoal Mendon

Que dit l’artiste ?

Bon je m’y suis mise au dernier moment, je crois que mon esprit avait besoin de déambuler jusqu’au dernier moment, les envies et les idées allaient et venaient au gré du temps. Je cherchais ce qui était important pour moi, qu’avais-je à dire, quel serait le message à transmettre et si il n’y en avait qu’un ! Lequel ?
Je voulais parler du regard, proposer aux visiteurs des changements de regards sur la nature, des décalages qui leurs permettent de ressentir l’émerveillement, cette sensation heureuse quand notre regard découvre le nouveau, l’insolite,… la beauté même au travers de petites choses. leur permettre de ressentir le plaisir de jouer avec les objets, la nature comme le fait l’enfant pour se laisser surprendre, s’amuser de son imaginaire et sa créativité. Mon message était donc là : pousser les changements de regards pour ré-enchanter la vie, la nature et la beauté qui nous entoure.
J’avais aussi une contrainte et je pense que c’est grâce à elle que j’ai pu pousser la « mise en scène » un peu plus loin. Je voulais exposer mes photos de Land art dans la nature, surtout ne pas enfermer la nature mais la rendre à la nature. Surtout ne pas exposer d’une manière classique.
Évidemment, les prévisions étaient  » mauvaises, d’où qu’elles viennent « . Ma plus grosse inquiétude : le vent ! Mes photos sur bâche ne craignaient pas la pluie, les assauts du vent : oui ! Et quelle déception de montrer une nature flagellée au lieu de sublimer.
Les cheminements ont été courts et longs c’était selon. La nuit me venaient les réponses aux questions et problèmes de la veille. Mon plus gros « breakthrough » fut celui d’exposer les photos au sol. Je me suis alors nourrie des commentaires des uns et des autres en lien avec mes intuitions et mon objectif. Ce fut un plaisir immense. J’ai eu plus de plaisir à aller chercher du sens dans ce que je voulais exposer qu’à exposer au final. Un plaisir partagé avec Ivy qui m’a offert, et sa force et son regard critique, avec les voisins dont les encouragements et les petits gestes pour m’offrir le matériel manquant m’ont donné de l’énergie. Au final, à l’arraché, j’étais prête le jour « j » et déjà fière de mon exposition.
Alors voilà, il est temps de passer aux images et leurs commentaires.

1 – Le chantier se met en place

Locoal Mendon c’est une bourgade à la fois côté mer et côté terre. Mes oeuvres réalisées dans cet environnement parlent de ces deux pôles. Je voulais faire venir la « mer » à la « terre » en couchant les photographies sur un lit de sable blanc. En réalisant ces tapis, j’ai pensé aux serviettes de plage l’été. Et pour une fois, il était autorisé d’avoir du sable sur la serviette.
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2 – Les supports photographiques

Les supports sont là et la photo à regarder : la nature elle-même ! Parfois, il n’y a rien à ajouter, la nature est belle. Petite anecdote de chantier, le champs magnifique et d’un vert tendre a été fauché et retourné deux jours avant l’exposition… Il y aurait pu avoir un avant et un après… C’est le travail de l’agriculteur et sa façon à lui de faire du « land art » !
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3 – Les photos sont installées

Je ne me serais jamais posée de questions de cohérence si nous n’en avions pas discuté avec Karen la veille. Au total, 14 photos bâches seront installées.
Au premier plan, les oeuvres de François Saulnier. j’avais voulu rester dans le même style (fer rouillé) pour mes supports. Autant dire qu’ils n’étaient pas appropriés à une utilisation normale et n’auraient pas résisté à 2 jours d’exposition.
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4 – Mon atelier « éphémère »

Le camion d’Ivy ! Je ne m’y suis jamais installée : pas le temps, pas l’envie. Même sous la pluie battante, j’ai préféré m’asseoir sur un banc pour observer le balai des visiteurs, les allers-venues. Les parapluies sont là pour accueillir des visiteurs peu équipés qui pensaient se réfugier à la maison pour regarder les oeuvres. Beaucoup de surprises sur les visages quand je leur montrais la salle d’exposition d’un geste de main. « Tout est là ! ».
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5 – Surprise !

Je vois mes propres photographies sous « un jour nouveau » ! La pluie est venue donner un lustre humide. Sur l’une d’elle, le regard se perdait entre réalité et virtualité. Une petite flaque était venue s’immiscer sur l’océan : eau salée et eau douce mélangées… Le regard se perd et la confusion grandit.
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Surprise aussi par les commentaires, les évocations partagées. Je redécouvrais mes photos au travers du regard du visiteur. Leurs interprétations, leurs ressentis ont aussi questionné ma propre démarche et permis de « réfléchir » un peu plus à ce travail qui me ressource et me donne infiniment de plaisir.
Bien sûr, j’ai appris des erreurs. J’aurais voulu écrire un texte pour laisser une trace de ma démarche mais faute de temps ou fausse barbe, je n’ai rien laissé. J’ai peut-être trop parlé et pas assez écouté.

6 – Cerise sur la gâteau

Dimanche, fin de journée… le soleil se couche avec sa traine humide. Une photo pleine de contraste entre la beauté du ciel et l’agressivité de notre civilisation… L’un sans l’autre ?… Une question d’équilibre et de respect sûrement. Apporter cette beauté, est-ce là tout le sens pour moi ?
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Merci l’artiste…
Merci aussi à Yvan de l’agence Billiotte qui m’a permis de transformer le format de mes photos afin qu’elles puissent être imprimables et conformes à l’original sur bâche. ce sont ces gestes d’entraide même à des kilomètres de distance qui tissent des liens forts et sensibles.