Déchets ? Ordures ?

Belle journée d’hiver. Un soleil radieux et une température de gueux… Bien emmitouflée me voilà partie faire mon petit tour de paradis… au bord de l’eau… tranquille.

Et là, effroi… Découverte macabre de mille cadavres ! Je ramasse les sacs plastiques, les cordelettes de nylon, les poches à huitre… Je fais mon colibri. C’est le cas de le dire, une toute petite goutte dans l’océan. Je rentre avec mon vilain butin pour le déposer près d’une poubelle. Je rencontre alors un couple en ballade. Ils pensent au 1er abord que je reviens d’une pêche à pied d’un tout autre genre… genre fameux, délicieux et qui s’apprécie entre amis.

« Bonne pèche ? » C’est alors qu’ils découvrent le sacré butin.

« Ah !… des ordures » jettent-il dégoutés.

Et oui, je ne sais pas pourquoi le mot « ordure » m’a marqué, étonné : trop dure l’ordure ? plus tempéré le déchet ? En tout cas, les oiseaux, eux, ne philosophent pas des masses quand ils se prennent les pieds dans ces nasses !

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Le printemps des artistes – Locoal Mendon

Que dit l’artiste ?

Bon je m’y suis mise au dernier moment, je crois que mon esprit avait besoin de déambuler jusqu’au dernier moment, les envies et les idées allaient et venaient au gré du temps. Je cherchais ce qui était important pour moi, qu’avais-je à dire, quel serait le message à transmettre et si il n’y en avait qu’un ! Lequel ?
Je voulais parler du regard, proposer aux visiteurs des changements de regards sur la nature, des décalages qui leurs permettent de ressentir l’émerveillement, cette sensation heureuse quand notre regard découvre le nouveau, l’insolite,… la beauté même au travers de petites choses. leur permettre de ressentir le plaisir de jouer avec les objets, la nature comme le fait l’enfant pour se laisser surprendre, s’amuser de son imaginaire et sa créativité. Mon message était donc là : pousser les changements de regards pour ré-enchanter la vie, la nature et la beauté qui nous entoure.
J’avais aussi une contrainte et je pense que c’est grâce à elle que j’ai pu pousser la « mise en scène » un peu plus loin. Je voulais exposer mes photos de Land art dans la nature, surtout ne pas enfermer la nature mais la rendre à la nature. Surtout ne pas exposer d’une manière classique.
Évidemment, les prévisions étaient  » mauvaises, d’où qu’elles viennent « . Ma plus grosse inquiétude : le vent ! Mes photos sur bâche ne craignaient pas la pluie, les assauts du vent : oui ! Et quelle déception de montrer une nature flagellée au lieu de sublimer.
Les cheminements ont été courts et longs c’était selon. La nuit me venaient les réponses aux questions et problèmes de la veille. Mon plus gros « breakthrough » fut celui d’exposer les photos au sol. Je me suis alors nourrie des commentaires des uns et des autres en lien avec mes intuitions et mon objectif. Ce fut un plaisir immense. J’ai eu plus de plaisir à aller chercher du sens dans ce que je voulais exposer qu’à exposer au final. Un plaisir partagé avec Ivy qui m’a offert, et sa force et son regard critique, avec les voisins dont les encouragements et les petits gestes pour m’offrir le matériel manquant m’ont donné de l’énergie. Au final, à l’arraché, j’étais prête le jour « j » et déjà fière de mon exposition.
Alors voilà, il est temps de passer aux images et leurs commentaires.

1 – Le chantier se met en place

Locoal Mendon c’est une bourgade à la fois côté mer et côté terre. Mes oeuvres réalisées dans cet environnement parlent de ces deux pôles. Je voulais faire venir la « mer » à la « terre » en couchant les photographies sur un lit de sable blanc. En réalisant ces tapis, j’ai pensé aux serviettes de plage l’été. Et pour une fois, il était autorisé d’avoir du sable sur la serviette.
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2 – Les supports photographiques

Les supports sont là et la photo à regarder : la nature elle-même ! Parfois, il n’y a rien à ajouter, la nature est belle. Petite anecdote de chantier, le champs magnifique et d’un vert tendre a été fauché et retourné deux jours avant l’exposition… Il y aurait pu avoir un avant et un après… C’est le travail de l’agriculteur et sa façon à lui de faire du « land art » !
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3 – Les photos sont installées

Je ne me serais jamais posée de questions de cohérence si nous n’en avions pas discuté avec Karen la veille. Au total, 14 photos bâches seront installées.
Au premier plan, les oeuvres de François Saulnier. j’avais voulu rester dans le même style (fer rouillé) pour mes supports. Autant dire qu’ils n’étaient pas appropriés à une utilisation normale et n’auraient pas résisté à 2 jours d’exposition.
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4 – Mon atelier « éphémère »

Le camion d’Ivy ! Je ne m’y suis jamais installée : pas le temps, pas l’envie. Même sous la pluie battante, j’ai préféré m’asseoir sur un banc pour observer le balai des visiteurs, les allers-venues. Les parapluies sont là pour accueillir des visiteurs peu équipés qui pensaient se réfugier à la maison pour regarder les oeuvres. Beaucoup de surprises sur les visages quand je leur montrais la salle d’exposition d’un geste de main. « Tout est là ! ».
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5 – Surprise !

Je vois mes propres photographies sous « un jour nouveau » ! La pluie est venue donner un lustre humide. Sur l’une d’elle, le regard se perdait entre réalité et virtualité. Une petite flaque était venue s’immiscer sur l’océan : eau salée et eau douce mélangées… Le regard se perd et la confusion grandit.
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Surprise aussi par les commentaires, les évocations partagées. Je redécouvrais mes photos au travers du regard du visiteur. Leurs interprétations, leurs ressentis ont aussi questionné ma propre démarche et permis de « réfléchir » un peu plus à ce travail qui me ressource et me donne infiniment de plaisir.
Bien sûr, j’ai appris des erreurs. J’aurais voulu écrire un texte pour laisser une trace de ma démarche mais faute de temps ou fausse barbe, je n’ai rien laissé. J’ai peut-être trop parlé et pas assez écouté.

6 – Cerise sur la gâteau

Dimanche, fin de journée… le soleil se couche avec sa traine humide. Une photo pleine de contraste entre la beauté du ciel et l’agressivité de notre civilisation… L’un sans l’autre ?… Une question d’équilibre et de respect sûrement. Apporter cette beauté, est-ce là tout le sens pour moi ?
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Merci l’artiste…
Merci aussi à Yvan de l’agence Billiotte qui m’a permis de transformer le format de mes photos afin qu’elles puissent être imprimables et conformes à l’original sur bâche. ce sont ces gestes d’entraide même à des kilomètres de distance qui tissent des liens forts et sensibles.

Comme elle vient

Après une belle sortie Land Art avec Karen au bord de la rivière du Bono… Une sortie pleine de sensations où finalement, en se retirant la mer nous a fait un beau cadeau. Des surprises comme on peut en voir souvent en se donnant du temps et de l’espace. Impossible de prendre des photos… Comment aurait-il été possible d’immortaliser ces belles émotions ? Et voilà, je ne peux que vous dire, je ne peux vous montrer. Cela a-t-il le même niveau d’intensité pour nous qui sommes baignés d’images et de vidéos ?… Ce sera alors autre chose. Il est parfois bon de laisser chacun s’imaginer et peut-être faire naitre une émotion toute personnelle. Une autre manière de transmettre ?

Land Art : Etre au présent

Il m’arrive assez souvent au cours d’une réalisation d’être déviée de ma trajectoire par un objet : une branche… un cailloux dans l’eau… que je vois tout à coup d’une autre manière. Un élément naturel se présente et s’impose à moi. Je « laisse » alors l’oeuvre en cours pour porter mon attention sur cet aléas, sur ce qui vient « perturber » mon regard, le modifier. Et c’est souvent une pépite. Alors ?…

– Soit ma trajectoire est définitivement bouleversée et je me laisse alors emporter par autre élan,
– Soit « l’objet » s’intègre et complète la réalisation en cours, une véritable osmose s’opère.

Faire cela demande une présence au lieu et au moment. L’esprit est présent à ce qu’il fait « ici et maintenant » et se laisse porter plutôt que de diriger. Le cerveau limbique semble avoir pris la main et être en paix avec le cortex qui lui laisse les rennes. C’est une sensation étrange et merveilleuse qui trouve son apogée lorsqu’apparaît la réalisation, sa beauté, sa simplicité.

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C’est ce qui m’est arrivé lors de cette réalisation. Je « plantais » dans la rivière des racines d’arbres coupées, tordues, noircies par les mois passés sous l’eau quand en me retournant pour aller ramasser une nouvelle racine, j’ai aperçu cette pierre. J’y voyais un visage. Un peu comme Michel-Ange, j’ai sorti l’ange de la pierre. En ajoutant ce petit cailloux : tout était là. Depuis, je ne l’ai plus jamais revu ce visage.

Je retrouve cette attitude lorsque j’écoute et surtout je m’écoute. Non pas sur mes idées, sur les pensées qui me traversent l’esprit mais sur mes émotions, ce que je ressens, lorsque je porte attention à mon corps, lorsque j’identifie ce qui se passe… alors, en me laissant porter par ce ressenti je prend des chemins nouveaux non seulement pour moi mais aussi pour ceux qui m’entourent.